BULGARIE, février 1997

Photos: Florent Ducasse

texte: Jérome Catz

Riders : Serge Vitelli, Romain Carlier, Stéphane Saglia, Jérome Catz,

Jaques Martinnet.

Intro : La Bulgarie est un petit pays d'Europe de l'est, encadré par la Mer Noire, la Turquie, la Mer Méditérranée, la Grèce, la Macédonie, la Serbie et la Roumanie. La chaîne des Balkans y passe et il y a beaucoup de neige en hiver... J'éspère que vous aimez voyager autant que moi!

Serge Vitelli
Faits :
Nous sommes des snowtrippers!, de toute façon, ils faut aimer tripper si on aime rider dans de bonnes conditions, et quand je parle de bonnes conditions, je ne parle pas du snowpark ou du half-pipe parfait... je parle de terrain et de conditions de neige parfaites, et pour glisser dans ces conditions, il faut aimer voyager, avec les risques que cela comprend. L'année dernière, quand Jacques nous a parlé de son oncle qui revenait d'une rando en Bulgarie et qui s'était gavé, nous savions tous que nous y irions l'année suivante. En plus la Bulgarie, je sais que tout le monde connait, mais essayez de situer ça sur une carte sans vous tromper... Toute l'équipe connait sa géographie uniquement grâce aux voyages qu'elle entreprend, et comme la géographie est une chose très très importante, nous faisons tous de nombreux voyages très régulièrement, en essayant de partir le plus loin possible vérifier si les fabriquants de cartes ne se trompent pas! Donc, direction : Sofia.

Romain Carlier

et Jacques Martinet prennent l'avion, alors que

Serge Vitelli

Stéphane Saglia, Florent Ducasse (notre vénéré photographe)

Jérome Catz

et moi prenons la route. La route, c'est mieux pour voir les pays que l'on traverse, mais c'est un poil plus long... Je vous fais quand même un rapide topo : sud-est de la France - tunnel du Mont Blanc - Italie - Slovenie - Croatie nous laissons Sarajevo au sud-ouest - Serbie (pendant les affrontements de Belgrade) et enfin nous arrivons à la frontière bulgare. Coup de chance, elle vient de rouvrir après 3 jours de grève, 2 heures avant notre arrivée!

La grève a cessé grâce à la victoire des manifestants du peuple face au parti communiste (parti communiste qui ne reprendra pas le pouvoir législatif du pays), c'est ce qui explique la foule en liesse qui a investi les rues de la capitale.
Constatations :
La vie ne coûte presque rien en Bulgarie, nous nous permettons donc un hôtel du centre ville, pour pouvoir assister aux manifestations prévues pour le lendemain de notre arrivée. Les bulgares sont assez disciplinés mais quand il s'agit de faire la fête, ils se lâchent! Drapeaux et bouteilles de vodka vont de paire, et il y avait vraiment beaucoup de drapeaux sur la place principale de Sofia, ce soir de victoire célébré avec les chansons typiques et celles tout aussi belles de John Lennon!

Le massif du Pirin vu du Mt Mussala


La Bulgarie est un petit pays (110 000 km2) mais rempli de montagnes de type alpin. Ces montagnes sont très bien équipées en refuges, et certaines ont des stations avec quelques remontées mécaniques.

Station de Borovets

Borovets

Mais la marche est presque obligatoire si l'on veut descendre les plus belles pentes, et qui dit marche dit raquettes dans ce pays où les conditions de neiges sont idéales de janvier à mai.

Massif du Pirin


Le terrain, lui, est des plus variés, on passe du couloir aux barres rocheuses sans s'en apercevoir (heureusement, on s'en est toujours aperçu jusqu'à présent),

et on trouve beaucoup de pentes raides juste ce qu'il faut, avec plein d'obstacles naturels : mamelons, rochers, ruptures de pentes,

Romain Carlier

Stéphane Saglia

wind lip, bosquets de petits sapins, ours etc... bref, le pied!

Serge Vitelli

Romain, à Shiligarnika

Stéphane Saglia.

Comme partout, les pentes nord gardent la neige fraîche, et les snowboardeurs locaux ne sont pas de grands fanatiques de poudreuse et de hors-piste... ça nous arrange d'ailleurs!
Le plus haut sommet du pays est le mont "Mussala",

Au sommet du Mt Mussala

il culmine à 2927 mètres d'altitude, au sommet se trouve une grande station météo, elle est habitée en permanence par une famille qui ne voie pas souvent du monde, et des gens qui ne parlent pas le bulgare, encore moins... Ils sont néanmoins toujours près à vous faire un bon thé bouillant et vous proposer quelques gâteaux pendant que vos vêtements sèchent sur les radiateurs qui marchent à plein tube.

Jako Martinnet, rider...


Les tenanciers de refuges sont très gentils, mais il ne faut pas foutre le merdier, ou fumer dans le refuge, ou rentrer dans avec vos boots trempées, bref, c'est comme partout, il faut respecter les quelques règles de la vie communautaire en altitude, mais la bouffe est bonne et copieuse!


Gestes :
Une fois monté dans le très vieux camion 20 places Mercedes-Benz, tout est allé plutôt vite, sauf l'allure du camion. Nous avons attaqué par le plus dure : on est parti à 17 heures pour arriver à 21 heures au refuge Everest (à 2300 mètres, sous le mont Mussala"), non sans mal et surtout flippant un maximum par ce que une marche de nuit en montagne avec deux fausses frontales pour toute l'équipe, c'est un peu craignos...

Jérome Catz

Nous arrivons tout givrés dans ce refuge édifié à la gloire des premiers bulgares à avoir fait l'Everest. Le lendemain, les conditions météo pourries ne nous permettent que de découvrir la station météo et de redescendre dans le brouillard. L'après midi, nous allons nous faire les quelques couloirs qui entoure le refuge, et nous trouvons quelques belles lignes.

Jérome Catz

Dans le refuge Everest.

Nous décidons de rester jusqu'au lendemain pour tenter notre chance avec la météo. Curieusement, il est impossible d'avoir une indication fiable de la station météo qui nous surplombe...

Jérome

Heureusement il fait beau, et Florent peut immortaliser cette première descente en snowboard par beau temps du Mont Mussala...

Serge Vitelli,

1ère sous le Mt Mussala.

Retour au camion en deux heures de descente dans une montagne déserte, à la recherche de nos anciennes traces qui ont bien évidement disparues. C'est bon de mettre des vêtements vraiment propres après deux jours de ride, même si c'est pour faire 6 heures de route dans ce bon vieux Mercedes! Nous passons près de grands lacs gelés sur lesquels les gens pêchent ou patinent. La Bulgarie est le pays montagneux où nous aurons mangé le plus de poissons, tous les restaurants vous en proposent au moins trois ou quatre sortes sur chaque menu. Une fois installés à l'hôtel à Bansko, nous partons manger en ville au son (plutôt fort ) de la musique traditionnelle quand elle n'est pas détournée vers les "classique" allemands... La ville est petite, mais le centre est magnifique : tous les murs des maisons ou des enclos sont en pierre avec de grosses lattes de bois au milieu, ce qui donne un air "chaud" à ces rues pavées à l'ancienne; sur toutes les portes des propriétés sont placardées de petites affiches (parfois une dizaine) annonçant le décès de quelqu'un de cher à la famille, ces affiches sont là tant que l'on pense encore au défunt ce qui explique que certaines datent de plus de 15 ans. Du centre-ville, si on regarde à l'ouest, on voit très bien Shiligarnika,

Stéphane, Romain et Serge à Shiligarnika.

la station de Bansko, et ça n'a pas l'air mal du tout... Le lendemain nous nous préparons à passer trois jours en refuge, à 4 km de la station.

Le refuge est accessible du sommet du mont Todorin et les pentes qui nous y mènent sont plein nord et ne prennent un soleil rasant qu'à partir de 14 heures,

Serge Vitelli

la neige est donc excellente,

Jérome Catz

et nous sommes seuls à tracer toutes ces putains de combes sur 800 mètres de dénivelé.

Romain Carlier

Nous ridons toutes les faces du domaine pour en découvrir les subtilités et assimiler le terrain afin de pouvoir profiter du spot au maximum.

Jérome

Tout compte fait, trois jours, c'est peu pour découvrir une nouvelle station aussi près de la Méditerranée et aussi loin que ça de la France!

Stéphane Saglia


Pratique :
l'inflation est telle que les prix du dollar et du mark ont doublé en dix jours! Si vous changez tout votre argent le premier jour, vous risquez de vous retrouver sans rien à la fin de votre voyage. Il faut donc arriver avec de petites coupures en dollar ou en mark. Dans les stations, les prix du forfait son décidés le jour même, et la plupart du temps, il faut payer en devise étrangère. Méfiez vous, dans les restaurants il n'est pas rare de voir une petite étiquette collée sur la carte annonçant discrètement une majoration de 150% de tous les tarifs...

Les prix restent de toute façon très peu élevés. Nous sommes aller dîner au restaurant de l'opéra de Sofia, et en nous lâchant complètement (nous ne dirons pas le nombre de bouteilles de vin vidées pendant le repas par égard pour nos sponsors) nous avons "craqué" 60 fr par personne! Les vins bulgares sont très bons, et d'une grande variété... emmenez votre père en trip, il s'y plaira. Il faut prendre toutes les précautions possibles pour les voitures, si vous avez votre véhicule sur place, pensez bien à le garer à une place gardée, ou à mettre un antivol dissuasif (canne, alarme sensible). Les visas pour passer par la Serbie sont très dur à obtenir, il faut s'y prendre à l'avance et demander des visas de transit, sinon, impossible de passer. Pour rentrer en Bulgarie, il faut passer par une agence de voyage, sinon les visas coûtent assez cher.

Stéphane Saglia