Le volcan en éruption lâche son gros nuage noir, la détonation
qui accompagne la fumée fait trembler tout le monde, le photographe
et les cameramen sont en place. Le
"BOOM!" donne le départ et le snowboarder s'élance
pour sauter... Les courbes qui suivent la réception sont blanches,
blanches sur une neige noire, paysage magique et plutôt inhabituel!
Le Kamtchatka, péninsule de l'Est sibérien tombant sur
le Japon, est la région volcanique la plus active du monde!
Outre les 160 volcans, les montagnes se suivent à perte de
vue et les 5 mètres de neige tassée qui les recouvrent
font de cette partie de la Russie le rêve de tout snowboarder,
tant soit peu qu'il ait un hélico sous la main. (ça
tombe bien, notre MI 8, avec ses deux turbines, tourne rond!).Revenons
au départ : RDV à Roissy un mercredi matin, pour un
voyage de 19 jours. Anatoli, Paul et Franck sont les trois organisateurs
du projet Kamtchatka, projet qu'ils ont monté de toute pièce
pour valider leur deuxième année d'école de commerce
(l'ISG Paris), et qui consiste à faire voyager toute une équipe
de snowboarders, cameramen, photographe, médecin et skydivers
dans une des régions les plus sauvages de la grande Russie!
Nous sommes cinq snowboarders : Serge vitelli, Axel Pauporté,
Brett Carpentier, Mlle Doriane Vidal et votre narrateur. Jim l'américain
et François assurent les images à la caméra et
Marc les photos. Manu, le médecin de l'équipe, a pour
charge de soigner les bobos du team mais surtout de tester sur nous
un médicament (le Tanakan) pour soigner le mal des montagnes.
Nous avons droit à 20 kg de bagages en soute, si on considère
qu'un snowboard avec ses fix et une paire de boots pèse 6 kg
(sachant que la plupart d'entre nous avaient deux boards) il ne reste
plus beaucoup de place pour les affaires nécessaires à
14 jours de trip dans les bases kamtchatkiennes! Du coup les bagages
à main devaient peser au moins 15 kg chacun.
On ne m'avait pas menti, les avions de l'Aeroflot sont remarquables
quant au charme des hôtesses, ce qui nous donnent un avant goût
de la beauté des filles russes. Nous arrivons le soir même
à Moscou, et la douane nous confisque toutes nos radios! La
bureaucratie a encore frappé, personne ne sait pourquoi c'est
interdit mais c'est comme ça, et nous entrons en ex-URSS sans
moyen de communication : ça va être pratique, surtout
avec l'hélico... Deux minibus nous attendent pour nous emmener
à notre hôtel, à 20 mn du centre en métro.
L'hôtel est plutôt original puisque c'est un bateau, amarré
sur les berges de la Moscvarika, rivière qui traverse la capitale.
A peine les affaires déposées dans nos chambres, nous
partons visiter la ville. Le métro est superbe, tout en bois
et en laiton, et les stations en marbre feraient honte à notre
célèbre métropolitain! Trois arrêts après
que nous soyons monté, un russe rentre dans notre rame, nous
toise d'un oeil critique, s'aperçoit que nous sommes étrangers,
s'assied et sort une bouteille de vodka et des bières de son
sac pour boire avec nous! C'est la fête qui commence, et nous
nous quittons en apprenant que tous les russes sont aussi gentils
que lui, et que les salopards sont les politiques et les mafieux!
Nous sortons dans le froid, il est 22 heures, la ville est déserte
et, après 3 minutes de marche, nous débouchons sur la
Place Rouge! Effectivement elle est rouge... le Kremlin nous souhaite
la bienvenue. Petit tour devant le mausolée de Lénine
et retour dans la rue : il fait un froid de canard, et les seules
personnes que nous croisons, sont les groupes de prostituées
qui attendent les voitures avec deux ou trois hommes à l'intérieur.
Une maquerelle de 18 ans en survêtement manage tout ça,
et les filles se précipitent dans les passages souterrains
dès qu'apparaît une voiture de flics qui vient prélever
sa "dîme" ou son bakchich. Nous laissons passer le
dernier métro en savourant des saucisses à la moutarde
brûlantes, et nous rentrons en taxi.
Il règne dans l'aéroport de Moscou une ambiance de préparatifs,
tous les passagers pour le Kamtchatka strappent leurs sacs et autres
cartons, de scotch d'emballage, certains jusqu'à ce que seules
les poignées restent visibles. Croyant à une coutume
locale, nous imitons nos collègues voyageurs russes et finissons
les deux rouleaux de scotch de Serge... A cause des négociations
pour le prix de nos kilos supplémentaires nous faisons attendre
l'avion d'Orient Avia, une des compagnies intérieures les plus
sûres, dont les avions sont neufs et ont l'air bien entretenus.
C'est une compagnie intérieure, mais qui connecte directement
Moscou avec le Kamtchatka, ce qui représente 3 fois la distance
Paris-Moscou. Les avions neufs, ce n'est pas du luxe quand on sait
qu'il y a en moyenne un crash par semaine sur les vols intérieurs
en Russie ( même si 75% des crashs concernent les avions de
transport, ça fait beaucoup!). 9 heures de vol plus tard et
le lendemain, nous nous posons à Petropalvovsk - Kamtchatsky.
La ville porte le nom des deux bateaux qui ont découvert la
presqu'île du Kamtchatka : le St Pierre et le St Paul, les deux
galions sont d'ailleurs l'emblème de la ville. Deux amis d'Anatoli
nous attendent avec un énorme camion 6x6 militaire (4x4 c'est
pas assez pour ici!), pour nous emmener à la base d'hélico.
Ces deux personnes sont Volodia et Alexander, deux guides alpinistes
et vulcanologues du Kamtchatka. Volodia s'était déjà
occupé d'une expé américaine ici avec Mike Jacoby
en 93. Nous voilà à pied d'oeuvre, c'est-à-dire
devant l'énorme MI 8, posé dans la boue avec ses 5 pâles
et son réservoir supplémentaire à l'intérieur
contenant 3000 litres de carburant... Nous chargeons toutes nos affaires,
la bouffe de 5 jours pour 25 personnes et nous nous entassons dans
l'appareil; 5 snowboarders, 2 cameramen, 1 photographe, 1 médecin,
3 organisateurs, 3 parapentistes, 2 guides, Max le premier snowboarder
du Kamtchatka, Vladimir le pote d'Anatoli qui est à la base
du projet, Vitaliy le baroudeur commerçant du Kamtchatka et
3 personnes pour la cuisine. Avec les pilotes, nous sommes 26. Si
on se crash, ça fera du bruit! Après les essais de décollage,
nous partons à la base Tumraki, située à 350
km au nord de Pétropavlovsk, une heure et demi de vol tout
au plus. Tout le monde est un peu tendu, surtout Marc et Serge qui
connaissent déjà ce type d'engin et qui trouvent notre
décollage un peu "limite...". A peine nous sommes-nous
envolés, tous les hublots sont ouverts, et nous rivons nos
yeux sur le paysage merveilleux qui se dévoile sous l'hélico
: les deux volcans qui surplombent la ville sont une frontière
entre la civilisation et l'étendue sauvage et montagneuse qu'est
le Kamtchatka! Une fois dépassé ces deux gardiens fumants
nous ne sommes plus que dans un rêve blanc, constitué
de montagnes à perte de vue, de petites vallées avec
leur rivières bleues très sinueuses, d'arbres nus et
de plusieurs volcans se détachant à l'horizon. Toutes
les pentes sont plus belles les unes que les autres et je suis sûr
que chacun de nous repérait les lignes possibles de chaque
montagne survolée! Avec un tel paysage sous les yeux, le voyage
est passé plutôt rapidement, et nous avons été
surpris de voir l'hélico descendre vers un petit groupe de
maisonnettes perdues au milieu de nulle part. Atterrissage en douceur
entre quatre rondins de bois, nous sautons dans la neige une fois
le rotor arrêté; il faut dire que l'hélico étant
enfoncé dans la neige, les pâles sont beaucoup plus basses,
et le rotor de queue peut vous refaire la raie nickel si vous dépassez
le mètre soixante dix! Le ciel s'est couvert depuis peu mais
il fait encore assez clair, nous sommes près du pôle
et les journées commencent à être longues. Nous
squattons deux des quatre petits chalets et, vu la température
ambiante, notre premier souci est de mettre en route le poêle
à bois! Le temps de remplacer une vitre cassée, de déplier
le sac de couchage et de monter les boards, la nuit est tombée,
il est 22 heures, le repas est prêt et nous nous retrouvons
tous dans le grand chalet qui fait office de salle à manger.
C'est notre premier repas traditionnel : saumon fumé et séché,
bortsch (soupe au choux et à l'oignon), pommes de terre, fromage,
oeufs de saumon, citron, pain noir et bien sur la bouteille de vodka
de bienvenue...
Le réveil est un peu dur mais la température dans le
chalet nous motive pour accélérer le mouvement, comme
on ne voit rien à travers la vitre car la couche de glace qui
est dessus (à l'intérieur bien sûr!) est trop
épaisse nous sortons donc découvrir le paysage alentour.
Le Kizimin se dresse en face de nous, une ligne de fumée blanche
s'échappe de son flanc droit pour nous rappeler que ce volcan
est toujours en activité... et d'une beauté majestueuse.
Le petit déjeuner ressemble étrangement au dîner
de la veille, nous avons du miel en plus et le bortsch en moins, mais
tout le reste y est! Au moins c'est calorique. Pendant qu'Anatoli,
Franck et Paul posent les stickers sur l'hélico, nous vérifions
notre matériel, traînons un peu et finissons par partir
en ballade, raquettes aux pieds et snowboard dans le sac. Première
journée d'acclimatation, on teste la neige en montant sur une
petite crête et en descendant un vallon qui n'avait pas dû
être snowboardé souvent... Descente et poursuite dans
les arbustes, chacun s'aide en faisant la trace à tour de rôle,
et, au moment où nous arrivons sur le faux plat dans la forêt,
les deux motoneiges de la base arrivent pour nous faire la trace puis,
une fois sur le plat, nos sauveurs nous passent de longues cordes
pour nous traîner jusqu'au camp! Nous allons directement dans
le meilleur coin de la base : les sources naturelles d'eau chaude
qui viennent alimenter les deux bassins des "bains". L'eau
est à 40°, il commence à neiger et nous regardons
le soleil descendre doucement vers l'horizon...
Il fait beau, nous avalons notre petit dej. et sautons dans l'hélico.
Deux rotations sont nécessaires pour poser tout le monde en
haut du Kizimin à 2470 mètres d'altitude, et nous regardons
nos trois parachutistes sauter sur le chemin du retour. Le sommet
de ce volcan est entièrement sculpté par le vent, la
neige est excellente et la vue pas trop mal... Le bonnet enfoncé
jusqu'aux oreilles ou la chapka sont obligatoires, car l'altitude
et le petit vent frais nous rappellent que la Sibérie n'est
pas loin. Première vraie descente au Kamtchatka, les guides
nous feront passer juste au dessus de l'endroit d'où s'échappent
les fumerolles, histoire de sentir un peu le soufre, petit goût
d'enfer garanti! Retour à la base, bain, coucher de soleil,
bouffe et dodo. Demain, nous montons à 4100 mètres passer
6 heures sur un plateau pour tester le Tanakan, ce fameux médicament
qui devrait nous faire oublier le mal de crâne quasi obligatoire
pour toute personne catapultée d'un coup (d'hélico)
à cette altitude. A peine déposés, nous montons
au sommet de l'énorme colline qui fait face au Klyutcheskaya,
le plus haut volcan d'Europe et d'Asie : 4750 mètres! Nous
organisons un petit camp pour nous mettre à l'abri du vent,
vent qui doit faire chuter la température à -20°
au moins. Serge a sur lui un indicateur de température extra
sensible : son oreille! Comme elle a gelé pendant ces 6 heures,
c'est qu'il faisait une température à geler une oreille
de Vitelli, donc super froid. Le médicament a l'air de marcher,
sauf pour François et Franck qui feront les 3000 mètres
de descente d'une manière plutôt pénible avec
un bon mal de crâne en prime. Petite frayeur avec l'hélico
qui n'est pas au point de rendez-vous, et nous attendons une heure
et demi qu'il daigne bien se montrer, sans oublier de faire un premier
passage à 500 mètres du point de rencontre sans nous
voir... Jamais été aussi content de monter dans un hélico!
Ce soir-là, les bains nous ont paru particulièrement
bons, chauds et doux.
Nous partons pour Pétropavlovsk le lendemain matin, mais nous
dévions un peu notre itinéraire pour passer voir le
Karimsky, volcan en éruption qui s'est mis en activité
il y a trois mois, et qui continue de cracher ses nuages de cendres
qui vont se déposer à 50 km à la ronde. Nous
nous posons près d'une maison habitée par des vulcanologues,
deux autres hélicos sont déjà sur place, la neige
est grise... L'ambiance est lunaire, nous sentons les particules de
carbone se déposer sur nos vêtements qui perdent peu
à peu leurs couleurs. Le paysage est trop fantastique, tant
pis pour les semelles de nos boards, nous partons voir si cette neige
noire glisse. C'est comme faire du snow dans un paysage en négatif
de photo, ou d'être sur une autre planète, surtout avec
les détonations puissantes qui nous rappellent que la terre
est vivante et qu'elle peut nous ensevelir à tout moment...
mais pour ça, nous faisons confiance à nos guides! Après
une bonne heure de ride (ça glisse!) dans cette ambiance rendue
métallique par la réflexion du soleil sur la glace grise
qui nous entoure, nous repartons vers la ville, mais sans oublier
de faire trois tours au dessus du cratère pour voir de gros
blocs de pierre ou de lave être projetés à chaque
détonation.
De retour à la base nous fonçons à l'hôtel,
histoire de faire sécher les affaires et de dormir au chaud.
Anatoli est confronté à un petit imprévu : le
KGB est à notre recherche! Nous ne nous sommes pas fait enregistrer
pour aller à la base nord, et le patron de l'hôtel de
la base nous a dénoncé car il n'a pas eu son bakchich...
Problèmes! Nous restons à Pétropavlovsk pour
deux jours et, pendant qu'Anatoli règle ces problèmes
sans lesquels la Russie ne serait plus elle-même, nous partons
visiter la ville, les quelques pentes snowboardables qui surplombent
la baie dans laquelle quelques sous-marins nucléaires pourrissent,
et une petite église orthodoxe tenue par deux énergumènes
fantasques, et par un Pope d'une trentaine d'années qu'il ne
vaudrait mieux pas croiser seul dans la nuit! Le plus drôle,
est que nous sommes allés voir l'océan, et c'est la
première fois qu'on a presque dû mettre les chaînes
pour aller à la plage! Mais le sable noir, les vagues surfables
(mais l'eau à 5°), le soleil et les montagnes blanches
se jetant dans l'océan valaient quand même le coup. Nous
dormons les deux autres nuits chez nos guides, qui sont devenus des
amis plutôt que des guides, leur gentillesse est fantastique.
Après ces deux jours de repos, nous partons à la base
Rodnikovaia en passant au dessus de la ville militaire de 150 000
habitants qui est en face de Pétropavlovsk, de l'autre coté
de la baie : à part deux sous-marins au milieu d'une petite
baie cachée, on ne voit rien, tout est camouflé à
la perfection, et nous passons cette ville souterraine à peine
devinée. L'hélico descend après 20 minutes de
vol, la base sud est là, à 100 km de toute civilisation!
Nous sommes sur l'emplacement du camp d'exploitation d'une mine d'or.
Les chercheurs russes ont fait tous les travaux d'approche et de mise
en exploitation, la mine est creusée, un forage de 150 mètres
de profondeur a été effectué pour trouver de
l'eau suffisamment chaude qui permette de chauffer le camp, mais les
changements politiques de ces dernières années ont fait
que la mine n'a jamais été exploitée! L'installation
de la base a donc été facilitée, mais Volodia
et son club ont tout fait, de la pose des baraquements sur pilotis
à l'élaboration de tout le système de chauffage,
en passant par la construction du réfectoire et de la maison
commune toute en bois, avec table de ping-pong, piano et batterie
: le rêve! Il y a aussi deux bains ou plutôt, un petit
bain couvert au milieu des baraquements et une piscine découverte,
un peu à l'écart du camp, exactement à 62 pas
"pied-nus-dans-la-neige" de la fin des escaliers en bois!
Toute glissade lors de la course d'aller ou de retour vers la piscine
se transformant en un choc thermique quasi mortel et déjà
difficilement supporté par nos pauvres pieds, nous avons battu
des records de vitesse et d'équilibre lors de nos déplacement
thermaux! Mais c'est quand même cool de se baigner entre quatre
murs de neige en regardant le para-moteur de nos amis russes décrire
ses courbes devant les pentes rosées par un soleil couchant...
Dépose le deuxième jour sur un des sommets qui dominent
la base, on voit la mer au loin, il y a des traces d'ours au sommet
et nous chaussons illico pour pouvoir s'échapper rapidement
au cas où... Descente sur la base en douceur, entre les corniches
et les arbres, qui font de ce terrain un des plus beaux et des plus
adaptés au snowboard qu'il nous ait été donné
de découvrir jusqu'à maintenant. La météo
annonce du mauvais temps et l'hélico rentre à la base
en nous promettant d'être là pour le 1er mai, fête
du travail, et rendez-vous avec d'autres russes du club de la base...
Nous passons les trois jours suivant à faire un grand tournoi
de ping-pong, des concerts piano batterie au plus grand désespoir
de tous, à bouquiner, à visiter la mine (dans laquelle
il doit faire 60° au moins!), à regarder Brett creuser
un gros quater et à le rider, à faire des petites ballades
en raquette et à se baigner. Enfin l'hélico est de retour,
et nous ramène 25 membres du club, hommes, femmes et enfants,
tous amoureux de la montagne et sacrés fêtards. Petite
prise de contact pendant la journée, grand repas généreusement
arrosé de toutes sortes de vodka et de bières, et grosse
fête avec la sono à donf, les disques d'Axel, et quelques
groupes de punk russe comme Grajdanskaia Abarona (Défence Civile)
et Volasatoie Steklo (La Vitre Poilue) vraiment bons. Tout le monde
se couche très tard, Serge est déçu car l'entrée
de la mine était fermée à clef, et qu'à
4 heures du mat, complètement bourré, c'est pas cool...
Le réveil est donc plus que difficile, mais nous arrivons quand
même à décoller à 10 heures pour le volcan
Mutnovsky, qui offre aussi le plus grand cratère d'Europe et
d'Asie. L'ambiance de la descente est étrange, la neige est
excellente mais nous allons droit sur le centre du cratère
d'où sortent des fumerolles de soufre; on ne distingue pas
d'échappatoire, on a l'impression de descendre dans un cirque
totalement fermé avec un petit glacier bleu et des pentes jaunes
(de dépôt de soufre) pour seule compagnie. Le goulet
de sortie est en fait derrière les colonnes de vapeur, et nous
passons le plus vite possible ce passage à l'odeur asphyxiante
pour nous retrouver devant les sources bouillonnantes à 400°
d'où s'échappent ces belles fumées odorantes.
Heureusement, le vent est avec nous. Retour à l'hélico
qui nous fait faire une micro dépose près du cratère
Gareliy pour voir les parachutistes se poser à l'intérieur
de ce cratère et nous rentrons à la base pour préparer
nos affaires. Nous rentrons ce soir à Pétropavlovsk
et décollons pour Moscou le lendemain mais nous gardons néanmoins
nos affaires de snow pour pouvoir faire une dernière dépose
sur les pentes qui tombent directement dans l'océan. Le soleil
se rapproche de l'horizon, la baie Veluckinskaia prend des couleurs
de feu, les pentes rougissent et nous descendons droit sur l'hélico
qui attend sur une petite plage au pied des montagnes.
Moscou nous paraît changée, il fait plus chaud, il n'y
a plus de neige et il y a beaucoup plus de monde dans la rue. On dirait
que les gens se sont réveillés! Anatoli nous amène
au marché où l'on peut trouver toutes les sortes de
chapkas, icônes, poupées et uniformes de l'armée
rouge et où il ne fait pas bon pisser dans les terrains vagues
: il n'y a pas de toilettes mais les flics véreux vous attendent
au tournant. Une petite incartade du style me coûtera une amende
qui aura commencé à 50 Fr et finira à 200 en
étant monté à 500 Fr, les collègues ayant
été obligé d'intervenir. Mais bon, il faut bien
que la police vive, même si c'est de cette façon, ça
ne nous aura pas empêché de trouver un peu de caviar
et de la bonne vodka!
CONCLUSION
Pays d'extrême, des températures à la beauté
des paysages, de la gentillesse des habitants aux problèmes
en tout genres, de la taille du pays à l'impossibilité
de trouver quoi que ce soit sans un guide compétent, la Russie
reste un petit continent bien particulier où tout est différent,
et c'est ce qui aura fait de ce voyage, un des plus beaux qui soit!
Encadré
Sakaev le pilote : honnête et très compétent avec
ses 18 000 heures de vols. Le prix de l'heure à néanmoins
augmenté de 150 $ 15 jours avant notre arrivée!
Volodia Chevstov, guide et vulcanologue : marginal et plus intéressé
que par les volcans, la montagne et son club. Il se désintéresse
complètement de la politique.
Vitali : Commerçant, pêcheur et chasseur, il dirige un
petit shop de matériel de montagne et d'alpinisme, Mr Système
D! "L'important c'est la parole", il lui manque la dernière
phalange du petit doigt...
En règle générale on peut dire qu'en Russie les
sentiments prônent sur le côté matérialiste
des choses.
Encadré
Andreï Makin : "Pour les gens de Vladivostok il y a trois
choses : la taïga, l'or et les goulags; pour les gens du Kamtchatka
il y a l'océan, le caviar et les bases de sous marins nucléaires!
Remerciement
Beaufour IPSEN, Aéroflot, Orient Avia, Freesurf, A snowboard,
Gotcha, Quiksilver, Stimorol Russie, ICOM, Arnette, Switch, Deuter
Virus.
Feuille de route
Il y a 12 heures de décalage horaire entre la France et le
Kamtchatka. 3 entre Paris et Moscou pour un vol de 3 heures et demi
et 9 entre Moscou et Pétropavlovsk pour 9 heures de vol direct
avec Orient Avia. Personne ne parlant anglais sur place, un guide
est donc indispensable : Anatoli Vlassov à Paris au (1) 45
05 18 89 / Fax : (1) 53 70 70 00
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