Le Catz raconte, Jacques et David précisent...
Comme la plupart des gens ne sait pas que l'on peut skier au Liban,
une petite explication s'impose : Liban vient de "lewa"
qui signifie blanc en hébreu, la langue qui avait cours au
Proche Orient il y a plus de 5000 ans. Et si un pays de cette région
est appelé blanc c'est qu'il est bien enneigé, au moins
une bonne partie de l'hiver!
Sinon,
le Liban est un petit pays de 10452 km2, en pleine reconstruction.
Ses habitants sortent de 17 années de guerre et voudraient
bien retrouver une certaine autonomie face à Israël qui
occupe la partie sud de leur territoire et se liberer de la tutelle
évidente de la Syrie sur les affaires politiques du pays, qui
se manifeste par une présence militaire forte mais discrète.
Le libanais est la caricature du méditerranéen dans
toute sa splendeur : accueillant, flambeur, chaleureux, cultivé,
brasseur, en bref : très attachant
C'est donc un Sam flambant neuf qui nous attendait à l'aéroport
de Beyrouth, avec la R19 de loc qui ne nous quittera plus. "Ici,
il n'y a qu'une règle : Pas de règle!" est la première
chose que nous a dit Sam une fois les voitures chargées, avant
que nous ne prenions la rocade. Et c'est vrai
pas le moindre
indice d'un éventuel code de la route, une fois lancé
sur la double voie transformée de fait en quatre voies, tout
est possible, déboîtement, dépassement à
gauche comme à droite, klaxon et appel de phares
tout
est permis, et il est de bon ton de conduire avec la radio à
fond!Il paraît qu'il y a un mort par jour sur les routes libanaises,
dès que l'on sait ça, on a le choix entre le stress
ou le fatalisme, et nous le stress
On s'est quand même
retrouvé à contre-sens sur une voie rapide, petite faute
causée par une absence psychique et une signalisation particulièrement
libanaise
Nous sortons directement de Beyrouth pour aller vers le nord, durant
le temps du trajet nous apercevons les nouveaux immeubles tout neufs
qui remplacent petit à petit les vieux, certains tellement
criblés d'impacts de balles et d'obus que l'on a du mal à
les croire encore debout! Un immense jus d'orange, quelques pâtisseries
et un café turc en guise de petit dej', le tout accompagné
des premières explications de Sam, nous mettent dans l'ambiance
du pays. Le trip s'annonce bien : quasiment tout le monde parle français,
la petite rue qui nous sépare de la mer (Belles vagues de un
mètre, encore une fois : méfiez vous de la Méditerranée!)
est remplie de commerçants très (trop) avenants sur
le pas de leur caverne d'Ali Baba, les Mercédès se succèdent
lentement, souvent domptées par de belles créatures
le portable vissé à l'oreille
, la météo
annonce deux à trois jours de mauvais temps, et un peu de neige
fraîche ne nous déplairait pas!
De Jounieh, notre camp de base, à Byblos, il y a 70 km de "mario
kart", une heure de chansons de Feyrouz (la Omme Kolsoum libanaise),
trois barrages de police militaire et plus de mercos que si vous passiez
deux jours au centre de Genève! Mais c'est bien peu de chose
pour se retrouver sur le petit port d'une cité vieille de 7000
ans, ou pour descendre au fond des catacombes, à coté
des tombes des rois phéniciens du deuxième millénaire
avant JC. Surtout
quand ont finit la journée en fumant un narguilé tout
en dégustant de l'Arak pendant que le patron du petit restaurant
nous explique une partie des causes de la guerre entre les chrétiens
et les musulmans dans son pays. De retour à Jounieh, nous avons
juste le temps de prendre une douche avant de repartir à la
découverte de Beyrouth by night. Direction le B 018, LA boite
branchée (et pour cause) du Liban. Là je laisse parler
Jacques de la vie nocturne libanaise :
Les bons conseils des locaux nous ont permis de découvrir la
folie de la nuit "Beyrouthiènne". A première
vue, Le B Zéro (AOC) ressemble à un abri antiatomique.
En fait la boite est une immense tombe où tout se passe sous
terre. Y accédant par l'escalier du diable, tu te retrouves
enterré dans un univers assez morbide, lugubre, flippant, à
la limite du X-Files
bien venu dans l'Au-delà! L'atmosphère
est celle d'un grand caveau : banquettes-cerceuil, tables basses pierre-tombale
et parmi nous l'effigie d'un illustre défunt des années
trente si on en croit la photo éclairée par un cierge.
Sans oublier les calices avec en guise de corps du Christ des arachides,
et son sang mystérieusement transformé en Red Bull Vodka
A partir de là, on a commencé à trouver l'endroit
plus sympathique, d'autant plus que le nombre de petites blondes (fausses?,
russes??), brunes (aux gros seins, c'est une traditions dans ce pays!),
toutes chicos, prout-prout, petit body, collant, petits talons (quelque
chose de très parisien), a vite atteint des proportions incroyables.
La barbiche de David lui a donné un air très
satanique,
surtout quand on s'est retrouvé avec nos verres entre les pieds
d'une pure bombe debout sur le bar en train de tripper house-oriental
: 50 dollars de Vodka Red Bull! Tout à coup, au milieu des
flammes de l'enfer, tout le toit de la boite s'est ouvert sur un ciel
étoilé, histoire de faire sortir les chauves souris
et de permettre aux mecs ( pantalons à pince, cravate, chaîne
en or qui brille) de vérifier si la 600 SEL est toujours sur
le parking. Moralité, c'est pas avec une R19 et 100 dollars
que tu vampiriseras de la locale! (J'y retourne l'année prochaine
avec 100 000 $).
Deuxième jour de mauvais temps, il neige à Faraya, la
première étape de notre snowtrip, et nous montons en
fin d'après midi, histoire d'avoir le temps d'oublier les excès
de la veille et de nous remettre de l'heure de décalage horaire
qu'il y a entre la France et le Liban (on dira ce que l'on veut mais
ce n'est pas toujours facile de voyager). L'arrivée à
la station se fait dans le brouillard et la gadoue, sans pneus neige,
genre un peu "limite". Les conditions sont déchaînées,
et nous subissons tant bien que mal la différence de climat
entre la côte et la montagne, à peine séparées
de 45 km de route tortueuse (accotements non stabilisés
).
Enfin c'est toujours un plaisir pour nous que de mettre un blouson
bien chaud avant de se taper 5 minutes de marche dans la neige pour
arriver au "Chalet suisse", l'auberge sympa de la station
où nous prendrons nos repas.
Toujours mauvais temps au réveil, nous prenons le temps de
dégoter le meilleur spot pour le petit dej et pour l'après
ski aussi : Chez Mansour, et nous montons repérer les pentes
auxquelles nous aurons accès demain inch'Allah (traduisez :
si Dieu le veut). La station a l'air assez petite mais super bien
équipée, les quelques pentes que nous voyons ne sont
pas très raides, mais il y a plein de relief et de lip un peu
partout
A confirmer demain, ce qui risque d'être compromis
par la soirée qui avait commencé tranquillement jusqu'à
que ce nous passions au 3S et que ça parte en live avant de
finir à l'Igloo comme David le rapporte :
Faraya, le Megève libanais, ne ressemble à son acolyte
français que par la densité de grosses cylindrées
(Mercos 500 SL, Range Rover, ...), de gens à la mode et aux
gros revenus (stars du showbiz, de la télé et tout)
et de silicone (seins, bouches, ...) au mètre carré.
Il est vrai qu'une partie de larchitecture laisse quelque peu
à désirer pour une station de haut standing telle que
celle là. Tant et si bien quentre certains immeubles
en béton, certaines résidences en béton et les
quelques chalets en béton on peut trouver des bars en béton
ainsi quune boite de nuit dun béton dune
rare qualité ... Vous comprendrez donc facilement que ce qui
fait le charme de cette station, cest plus lambiance qui
y règne que larchitecture. Et en parlant dambiance,
arrêtons-nous un peu sur les points " hot " de Faraya
by night. Le soir dans la capitale du ski libanais il nest pas
difficile de passer une bonne soirée, à condition de
connaître les 3 endroits dla bombe de balle. Tout commence
à lapéral chez Mansour. Après le ride,
on commence par un hamburger et quelques bières (english stylé)
afin de bien finir la journée et de bien commencer la soirée.
Ya souvent du monde et on peut djà repère...
Après une bonne douche et quelques heures de maquillage, il
faut aller manger et boire au 3S : le bar-resto-branché-de-Faraya.
Ici pas dentourloupette, cest cher, cest beau, tu
consommes, tu paies, tes pilo, tu consommes encore plus, tu
chantes, tu danses, tu te fais des amis, tes dans lmoove
baby, ... et tu continues la soirnight. Pour la petite anecdote, sachez
que les faits relatés ci-dessus sont tirés du témoignage
poignant de Jako, qui le fameux soir du 20 février 1999 a exorcisé
sa peur des filles après avoir bu trop de potion magique à
base de Gin. Ensuite, cest à lIgloo que tout le
monde descend, glisse, ou titube (cf. Jako). Dans cette boîte
de nuit pas plus grande quun hammam, lambiance est survoltée,
chaude et moite. La musique est à "donf", et oscille
entre la tecnal et la dance orientale. Cest ce moment que choisit
Jako le Bérichon. pour montrer à la foule en furie qui
est le mâle dominant. Il se lève et vacille sur le rythme
de la musique (on dira quil dansait) et commence à jouer
à " frotti frotta " avec celles quil croise,
le béret de travers, lhaleine fétide et les gestes
incertains. Autant vous dire que les "petits fwançais"
ce soir là nont pas eu le succès escompté.
Voilà pour Faraya et les mille et une nuits. Maintenant, vous
pouvez vous vanter den connaître au moins une!
Grand beau, levé à 7 heures, la tête encore transpirante,
petit café turc et premières traces sur le domaine que
nous découvrons en ridant, poudre dans les combes et soufflé
sur les crêtes, la mer à nos pieds : Le soleil tape bien
et la station ressemble à un snowpark géant, que des
lips et de gros dômes de partout
Une boucherie!
Nous nous apercevons vite qu'il y a deux choses à éviter
: se faire suivre par quelqu'un qui voudra forcément passer
là où vous êtes passés et risque de se
faire mal, et surtout regarder souvent derrière soi, parce
que les libanais, s'ils ont souvent un très bon niveau de ski,
ont tendance à aller aussi vite qu'en voiture, et certains
avec le même contrôle. C'est à qui se faufilera
le plus loin dans la queue des remontes pente, et le challenge est
de monter à 6 sur un quatre places sans que le perchman les
catch! Nous avons assisté (du télésiège
heureusement) à de très belles collisions qui auraient
fait frémir plus d'une Marielle... Le domaine n'est finalement
pas si petit que ça et en marchant 5 minutes on a accès
à de jolies pentes assez raides, avec quelques corniches ou
de jolies petites barres bien dans le ride. Chaque fois que l'on regarde
à l'ouest on voit la Méditerranée juste derrière
le premier plateau rocheux qui surplombe Beyrouth, et les couchers
de soleil sur la mer vous poussent à rider jusqu'à la
fin de la journée, histoire de glisser face au reflet d'un
soleil orange sur l'eau bleue
Je ne sais pas si c'est le décalage horaire, les soirées
précédentes, le ride ou le soleil, mais on a bien dormi
cette nuit. Et on a pu recommencer à cramer le lendemain, à
chercher les pentes nord pour y trouver de la neige froide et à
peaufiner notre connaissance du domaine skiable de Faraya, qui est
sans doute la Courchevel du Liban, même si beaucoup d'enseignes
de la station donnent du "Val d'Isère" ou "Val
d'Hiver" à tout va! Nous retournons à Jounieh après
cette deuxième vraie journée de ride parce que nous
avons des obligations : la fédération de ski du Liban
organise la semaine internationale du ski à Faraya et nous
devons rencontrer certains des dirigeants au Sport Café de
Beyrouth, premiers contacts pour un deuxième trip en préparation
La météo annonce beau pour les trois prochains jours
et nous en profitons pour monter aux Cèdres, la station symbole
du Liban, qui se trouve là où reste la vieille forêt
de cèdres qui n'a pas été coupée au fil
des siècles. Certains des arbres ont plus de 2000 ans, et sont
protégés par un parc. Tout autour, la forêt est
replantée de jeunes arbres qui commenceront à rivaliser
en taille avec leurs ancêtres millénaires dans 100 ou
200 ans! La station des Cèdres est beaucoup moins développée
que Faraya, mais beaucoup plus vaste et pour qui marche un peu : c'est
le rêve! Un immense cirque avec des pentes de 500 à 800
mètres de dénivelé, exposées de sud à
nord, toutes accessibles en marchant un peu, et surtout sans personne
Les remontées sont succinctes : trois pioches et un télésiège
une place, géré par l'armée, qui vous monte en
20 minutes au sommet d'un col qui dessert toutes les pentes sud et
ouest, le snowboard ou les skis sur les genoux SVP! Du sommet des
pentes ouest, nous sommes à 2981 mètres, pile à
100 mètres sous le sommet du Liban, le mont Kornet el Saouda,
qui domine aussi tout le Moyen Orient, c'est dire! Nous passons deux
jours à ragasser les faces nord et à se trouver en haut
de ces pentes qui s'enflamment à la tombée du jour.
La neige de printemps qui a pris le soleil toute la journée
commence à se refroidir et glisse vraiment bien, tout en restant
très douce. Ce sont des rides inoubliables : descendre en même
temps que le soleil se couche sur de la neige rouge. On est complètement
euphorique (on se demande d'ailleurs encore pourquoi?). Rentrer à
l'hôtel pour se gaver de mezzés et se faire un petit
tournoi de ping pong après de telles journées est la
définition d'un trip réussi; quoiqu'il puisse se passer,
rien ne peut vous enlever le smile! Pas assez d'intox de la part du
Catz pour ne pas prendre sa rouste au ping pong
Jacques, la
prochaine fois j'te nique
Jé.
Petit passage nuageux, retour à Jounieh, gros chill en ville,
akki sac et repos avant une nouvelle journée à Faraya
histoire de rider avec les copains (copines) sur place, et retour
sur les hauteurs de Beyrouth pour une petite itw radio : "et
le Liban, vous trouvez comment?"
"Kes ekhta"! c'est trop bien!"
Resto top, jazz live au Blue Note et B018 pour finir en beauté,
pas d'erreur, on dort jusqu'à midi le lendemain, c'est prévu!
Visite de Beyrouth et narguilades en séries, on plonge deux
siècles en arrière en allant dîner dans un petit
quartier en haut de la ville : tout est en pierre, les étables
et les fontaines ont juste été restaurées, la
musique qui s'échappe des restos et la nuit étoilée
vous transportent dans un conte des mille et une nuits illico
THAT'S LEBANON!!!
Remerciements
Sport Evasion et Guillaume Lahure pour avoir organisé ce trip
William Lawson, L'Avalanche et l'auberge Suisse à Faraya, Safra
Marine à Jounié, le West House Hotel, la Fédération
Libannaise de Ski, la Municipalité de Bécharré
et l'armée libanaise pour l'autorisation de skier dans la forêt
de cèdres.
Infos pratiques
Sport Evasion organise tout séjour au Liban, de la meilleur
manière qui soit!
Sport Evasion : tel 009611 879 224 / fax : 009611 879 225 / Email
: sportevasion@cyberia.net.lb
Petite version "web" du trip sur skipass.com
Si vous
avez un visa israëlien sur votre passeport, il est sage de changer
de passeport
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