Liban, février 1999 et 2000

Photos : Florent Ducasse

Texte : Jérome Catz, David Bouvier et Jacques Martinet

Le Bouv, roi du spot!

La station de Faraya, vue de la jonction.

Jako sur fond de mer, Faraya.

Jako, Guillaume,

David et Jérome au sommet du Mzarr 2000. Faraya.

Bouviax en plein flagrant délit courbe snowboard style... Bandit va!

Axel Pauporte en 2000, 360 tail grab pendant le Lipton Snow blast.

Le Catz, roller à faraya, encore trop loin de la mer.

David, Faraya...

Jérome, Jako et David à Faraya.

Jako, Faraya, les collines et la mer...

Method à Faraya

Nicole Anglerath, Faraya.

Jérome, Faraya.

Jérome en mute sur la corniche du Rocher, Faraya.

Jérome Catz

Freeriding à Faraya...

Le Bouv, Faraya

Jérome

 

Ca met l'eau à la bouche...

Les mezzes libannais sont la preuve que Dieu existe

Jako, traditionnel...

David, convivial et avenant...

Le Catz, comme à la maison...

Sur la route de la station des Cèdres.

Jérome au milieu des derniers cèdres millénaires du Liban.

Sculpture sur cèdre...

Au milieu de la foret...

Détail...

David Bouvier, les Cèdres.

Jérome

Réhidratation du Bouv au sommet de la station des Cèdres.

Jérome, les Cèdres au sunset.

Jako, Idem...

David, au bas de la station des Cèdres.

Jako, full speed

Jako

Sur le télésiège des Cèdres, monoplace???

Axel Pauporte, Faraya 2000.

Yannick Amevet, Faraya.

Jako Martinet, roller devant le cirque des Cèdres.

David Bouvier, Les Cèdres

Jérome Catz

Un p'tit straight leg pour la route? David, Faraya.


Le Catz raconte, Jacques et David précisent...


Comme la plupart des gens ne sait pas que l'on peut skier au Liban, une petite explication s'impose : Liban vient de "lewa" qui signifie blanc en hébreu, la langue qui avait cours au Proche Orient il y a plus de 5000 ans. Et si un pays de cette région est appelé blanc c'est qu'il est bien enneigé, au moins une bonne partie de l'hiver!

Sinon, le Liban est un petit pays de 10452 km2, en pleine reconstruction. Ses habitants sortent de 17 années de guerre et voudraient bien retrouver une certaine autonomie face à Israël qui occupe la partie sud de leur territoire et se liberer de la tutelle évidente de la Syrie sur les affaires politiques du pays, qui se manifeste par une présence militaire forte mais discrète. Le libanais est la caricature du méditerranéen dans toute sa splendeur : accueillant, flambeur, chaleureux, cultivé, brasseur, en bref : très attachant…


C'est donc un Sam flambant neuf qui nous attendait à l'aéroport de Beyrouth, avec la R19 de loc qui ne nous quittera plus. "Ici, il n'y a qu'une règle : Pas de règle!" est la première chose que nous a dit Sam une fois les voitures chargées, avant que nous ne prenions la rocade. Et c'est vrai… pas le moindre indice d'un éventuel code de la route, une fois lancé sur la double voie transformée de fait en quatre voies, tout est possible, déboîtement, dépassement à gauche comme à droite, klaxon et appel de phares… tout est permis, et il est de bon ton de conduire avec la radio à fond!Il paraît qu'il y a un mort par jour sur les routes libanaises, dès que l'on sait ça, on a le choix entre le stress ou le fatalisme, et nous le stress… On s'est quand même retrouvé à contre-sens sur une voie rapide, petite faute causée par une absence psychique et une signalisation particulièrement libanaise…


Nous sortons directement de Beyrouth pour aller vers le nord, durant le temps du trajet nous apercevons les nouveaux immeubles tout neufs qui remplacent petit à petit les vieux, certains tellement criblés d'impacts de balles et d'obus que l'on a du mal à les croire encore debout! Un immense jus d'orange, quelques pâtisseries et un café turc en guise de petit dej', le tout accompagné des premières explications de Sam, nous mettent dans l'ambiance du pays. Le trip s'annonce bien : quasiment tout le monde parle français, la petite rue qui nous sépare de la mer (Belles vagues de un mètre, encore une fois : méfiez vous de la Méditerranée!) est remplie de commerçants très (trop) avenants sur le pas de leur caverne d'Ali Baba, les Mercédès se succèdent lentement, souvent domptées par de belles créatures le portable vissé à l'oreille…, la météo annonce deux à trois jours de mauvais temps, et un peu de neige fraîche ne nous déplairait pas!
De Jounieh, notre camp de base, à Byblos, il y a 70 km de "mario kart", une heure de chansons de Feyrouz (la Omme Kolsoum libanaise), trois barrages de police militaire et plus de mercos que si vous passiez deux jours au centre de Genève! Mais c'est bien peu de chose pour se retrouver sur le petit port d'une cité vieille de 7000 ans, ou pour descendre au fond des catacombes, à coté des tombes des rois phéniciens du deuxième millénaire avant JC.
Surtout quand ont finit la journée en fumant un narguilé tout en dégustant de l'Arak pendant que le patron du petit restaurant nous explique une partie des causes de la guerre entre les chrétiens et les musulmans dans son pays. De retour à Jounieh, nous avons juste le temps de prendre une douche avant de repartir à la découverte de Beyrouth by night. Direction le B 018, LA boite branchée (et pour cause) du Liban. Là je laisse parler Jacques de la vie nocturne libanaise :


Les bons conseils des locaux nous ont permis de découvrir la folie de la nuit "Beyrouthiènne". A première vue, Le B Zéro (AOC) ressemble à un abri antiatomique. En fait la boite est une immense tombe où tout se passe sous terre. Y accédant par l'escalier du diable, tu te retrouves enterré dans un univers assez morbide, lugubre, flippant, à la limite du X-Files… bien venu dans l'Au-delà! L'atmosphère est celle d'un grand caveau : banquettes-cerceuil, tables basses pierre-tombale et parmi nous l'effigie d'un illustre défunt des années trente si on en croit la photo éclairée par un cierge. Sans oublier les calices avec en guise de corps du Christ des arachides, et son sang mystérieusement transformé en Red Bull Vodka… A partir de là, on a commencé à trouver l'endroit plus sympathique, d'autant plus que le nombre de petites blondes (fausses?, russes??), brunes (aux gros seins, c'est une traditions dans ce pays!), toutes chicos, prout-prout, petit body, collant, petits talons (quelque chose de très parisien), a vite atteint des proportions incroyables. La barbiche de David lui a donné un air très… satanique, surtout quand on s'est retrouvé avec nos verres entre les pieds d'une pure bombe debout sur le bar en train de tripper house-oriental : 50 dollars de Vodka Red Bull! Tout à coup, au milieu des flammes de l'enfer, tout le toit de la boite s'est ouvert sur un ciel étoilé, histoire de faire sortir les chauves souris et de permettre aux mecs ( pantalons à pince, cravate, chaîne en or qui brille) de vérifier si la 600 SEL est toujours sur le parking. Moralité, c'est pas avec une R19 et 100 dollars que tu vampiriseras de la locale! (J'y retourne l'année prochaine avec 100 000 $)
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Deuxième jour de mauvais temps, il neige à Faraya, la première étape de notre snowtrip, et nous montons en fin d'après midi, histoire d'avoir le temps d'oublier les excès de la veille et de nous remettre de l'heure de décalage horaire qu'il y a entre la France et le Liban (on dira ce que l'on veut mais ce n'est pas toujours facile de voyager). L'arrivée à la station se fait dans le brouillard et la gadoue, sans pneus neige, genre un peu "limite". Les conditions sont déchaînées, et nous subissons tant bien que mal la différence de climat entre la côte et la montagne, à peine séparées de 45 km de route tortueuse (accotements non stabilisés…). Enfin c'est toujours un plaisir pour nous que de mettre un blouson bien chaud avant de se taper 5 minutes de marche dans la neige pour arriver au "Chalet suisse", l'auberge sympa de la station où nous prendrons nos repas.
Toujours mauvais temps au réveil, nous prenons le temps de dégoter le meilleur spot pour le petit dej et pour l'après ski aussi : Chez Mansour, et nous montons repérer les pentes auxquelles nous aurons accès demain inch'Allah (traduisez : si Dieu le veut). La station a l'air assez petite mais super bien équipée, les quelques pentes que nous voyons ne sont pas très raides, mais il y a plein de relief et de lip un peu partout… A confirmer demain, ce qui risque d'être compromis par la soirée qui avait commencé tranquillement jusqu'à que ce nous passions au 3S et que ça parte en live avant de finir à l'Igloo comme David le rapporte :


Faraya, le Megève libanais, ne ressemble à son acolyte français que par la densité de grosses cylindrées (Mercos 500 SL, Range Rover, ...), de gens à la mode et aux gros revenus (stars du showbiz, de la télé et tout) et de silicone (seins, bouches, ...) au mètre carré. Il est vrai qu'une partie de l’architecture laisse quelque peu à désirer pour une station de haut standing telle que celle là. Tant et si bien qu’entre certains immeubles en béton, certaines résidences en béton et les quelques chalets en béton on peut trouver des bars en béton ainsi qu’une boite de nuit d’un béton d’une rare qualité ... Vous comprendrez donc facilement que ce qui fait le charme de cette station, c’est plus l’ambiance qui y règne que l’architecture. Et en parlant d’ambiance, arrêtons-nous un peu sur les points " hot " de Faraya by night. Le soir dans la capitale du ski libanais il n’est pas difficile de passer une bonne soirée, à condition de connaître les 3 endroits d’la bombe de balle. Tout commence à l’apéral chez Mansour. Après le ride, on commence par un hamburger et quelques bières (english stylé) afin de bien finir la journée et de bien commencer la soirée. Y’a souvent du monde et on peut d’jà repère... Après une bonne douche et quelques heures de maquillage, il faut aller manger et boire au 3S : le bar-resto-branché-de-Faraya. Ici pas d’entourloupette, c’est cher, c’est beau, tu consommes, tu paies, t’es pilo, tu consommes encore plus, tu chantes, tu danses, tu te fais des amis, t’es dans l’moove baby, ... et tu continues la soirnight. Pour la petite anecdote, sachez que les faits relatés ci-dessus sont tirés du témoignage poignant de Jako, qui le fameux soir du 20 février 1999 a exorcisé sa peur des filles après avoir bu trop de potion magique à base de Gin. Ensuite, c’est à l’Igloo que tout le monde descend, glisse, ou titube (cf. Jako). Dans cette boîte de nuit pas plus grande qu’un hammam, l’ambiance est survoltée, chaude et moite. La musique est à "donf", et oscille entre la tecnal et la dance orientale. C’est ce moment que choisit Jako le Bérichon. pour montrer à la foule en furie qui est le mâle dominant. Il se lève et vacille sur le rythme de la musique (on dira qu’il dansait) et commence à jouer à " frotti frotta " avec celles qu’il croise, le béret de travers, l’haleine fétide et les gestes incertains. Autant vous dire que les "petits fwançais" ce soir là n’ont pas eu le succès escompté. Voilà pour Faraya et les mille et une nuits. Maintenant, vous pouvez vous vanter d’en connaître au moins une!


Grand beau, levé à 7 heures, la tête encore transpirante, petit café turc et premières traces sur le domaine que nous découvrons en ridant, poudre dans les combes et soufflé sur les crêtes, la mer à nos pieds : Le soleil tape bien et la station ressemble à un snowpark géant, que des lips et de gros dômes de partout… Une boucherie!
Nous nous apercevons vite qu'il y a deux choses à éviter : se faire suivre par quelqu'un qui voudra forcément passer là où vous êtes passés et risque de se faire mal, et surtout regarder souvent derrière soi, parce que les libanais, s'ils ont souvent un très bon niveau de ski, ont tendance à aller aussi vite qu'en voiture, et certains avec le même contrôle. C'est à qui se faufilera le plus loin dans la queue des remontes pente, et le challenge est de monter à 6 sur un quatre places sans que le perchman les catch! Nous avons assisté (du télésiège heureusement) à de très belles collisions qui auraient fait frémir plus d'une Marielle... Le domaine n'est finalement pas si petit que ça et en marchant 5 minutes on a accès à de jolies pentes assez raides, avec quelques corniches ou de jolies petites barres bien dans le ride. Chaque fois que l'on regarde à l'ouest on voit la Méditerranée juste derrière le premier plateau rocheux qui surplombe Beyrouth, et les couchers de soleil sur la mer vous poussent à rider jusqu'à la fin de la journée, histoire de glisser face au reflet d'un soleil orange sur l'eau bleue…
Je ne sais pas si c'est le décalage horaire, les soirées précédentes, le ride ou le soleil, mais on a bien dormi cette nuit. Et on a pu recommencer à cramer le lendemain, à chercher les pentes nord pour y trouver de la neige froide et à peaufiner notre connaissance du domaine skiable de Faraya, qui est sans doute la Courchevel du Liban, même si beaucoup d'enseignes de la station donnent du "Val d'Isère" ou "Val d'Hiver" à tout va! Nous retournons à Jounieh après cette deuxième vraie journée de ride parce que nous avons des obligations : la fédération de ski du Liban organise la semaine internationale du ski à Faraya et nous devons rencontrer certains des dirigeants au Sport Café de Beyrouth, premiers contacts pour un deuxième trip en préparation…
La météo annonce beau pour les trois prochains jours et nous en profitons pour monter aux Cèdres, la station symbole du Liban, qui se trouve là où reste la vieille forêt de cèdres qui n'a pas été coupée au fil des siècles. Certains des arbres ont plus de 2000 ans, et sont protégés par un parc. Tout autour, la forêt est replantée de jeunes arbres qui commenceront à rivaliser en taille avec leurs ancêtres millénaires dans 100 ou 200 ans! La station des Cèdres est beaucoup moins développée que Faraya, mais beaucoup plus vaste et pour qui marche un peu : c'est le rêve! Un immense cirque avec des pentes de 500 à 800 mètres de dénivelé, exposées de sud à nord, toutes accessibles en marchant un peu, et surtout sans personne… Les remontées sont succinctes : trois pioches et un télésiège une place, géré par l'armée, qui vous monte en 20 minutes au sommet d'un col qui dessert toutes les pentes sud et ouest, le snowboard ou les skis sur les genoux SVP! Du sommet des pentes ouest, nous sommes à 2981 mètres, pile à 100 mètres sous le sommet du Liban, le mont Kornet el Saouda, qui domine aussi tout le Moyen Orient, c'est dire! Nous passons deux jours à ragasser les faces nord et à se trouver en haut de ces pentes qui s'enflamment à la tombée du jour. La neige de printemps qui a pris le soleil toute la journée commence à se refroidir et glisse vraiment bien, tout en restant très douce. Ce sont des rides inoubliables : descendre en même temps que le soleil se couche sur de la neige rouge. On est complètement euphorique (on se demande d'ailleurs encore pourquoi?). Rentrer à l'hôtel pour se gaver de mezzés et se faire un petit tournoi de ping pong après de telles journées est la définition d'un trip réussi; quoiqu'il puisse se passer, rien ne peut vous enlever le smile! Pas assez d'intox de la part du Catz pour ne pas prendre sa rouste au ping pong… Jacques, la prochaine fois j'te nique…Jé.
Petit passage nuageux, retour à Jounieh, gros chill en ville, akki sac et repos avant une nouvelle journée à Faraya histoire de rider avec les copains (copines) sur place, et retour sur les hauteurs de Beyrouth pour une petite itw radio : "et le Liban, vous trouvez comment?"
"Kes ekhta"! c'est trop bien!"
Resto top, jazz live au Blue Note et B018 pour finir en beauté, pas d'erreur, on dort jusqu'à midi le lendemain, c'est prévu! Visite de Beyrouth et narguilades en séries, on plonge deux siècles en arrière en allant dîner dans un petit quartier en haut de la ville : tout est en pierre, les étables et les fontaines ont juste été restaurées, la musique qui s'échappe des restos et la nuit étoilée vous transportent dans un conte des mille et une nuits illico… THAT'S LEBANON!!!
Remerciements
Sport Evasion et Guillaume Lahure pour avoir organisé ce trip
William Lawson, L'Avalanche et l'auberge Suisse à Faraya, Safra Marine à Jounié, le West House Hotel, la Fédération Libannaise de Ski, la Municipalité de Bécharré et l'armée libanaise pour l'autorisation de skier dans la forêt de cèdres.
Infos pratiques
Sport Evasion organise tout séjour au Liban, de la meilleur manière qui soit!
Sport Evasion : tel 009611 879 224 / fax : 009611 879 225 / Email : sportevasion@cyberia.net.lb
Petite version "web" du trip sur skipass.com

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