Spitzberg, mai 2001
texte: Jérome Catz
Photos: Philippe Rebreyend

riders : Florent Chrétien, Fred Serin, Jérome Catz, Brice Lequertier.

Arrivée a Svalbard, "Capitale" et nom norvegien du Spitzberg... c'est partit!

Brice se prépart à affronter les ours, le froid et le soleil... (24h/24)

Premiers essais de passage sur glace bleue...technique...

De l'essence et de l'autopersuasion!!!

Certains passages de cols sont difficiles, il faut s'y prendre à plusieurs fois

Si on trouve un igloo là où on pense établir son camp de base, c'est bon signe!

Première popotte dans l'igloo

En route vers de jolies petites pentes...

Fred teste les pentes juste au dessus du camp

Brice sur une crête...

Le même à la descente.

Florent joue avec l'ombre.

Pelle, papier toilette ET fusil chargé... à 50 mètres du camp et vu l'odeur, on est jamais trop prudent!

Vers la rencontre avec l'ours...

Repérage

Marche! Des fois les motos neiges ne peuvent pas monter...

et Ride! Jérome Catz.

Fred au paradis...

Florent aussi!

Petit junp à 2 heures du mat

Brice et son legendaire gun turn!

Petit turn à 2 heures du mat!

Et la tempête arriva...

pour 48 heures... version igloo!

Version tente!!!

Flo et Brice en plein plein.

après la tempête...

Gavade pour le Catz

Entrée de pente pour Brice

Fred et Florent, ride entre potes, sous l'oeil de Philippe... arva ready!

Beau?

Beau!

Flo avec encore 2 km de ride devant lui.

Jérome avec encore 2000 lignes possibles devant lui...

Brice à balle réelles.

Jérome

Florent

Brice

Jérome dans les barres

La mer de Barents

Fred holster à la ceinture.

Brice, tail à la main

Fred en floater au dessus de la mer de Barents!

On se baigne les gars????

Incognito...

incognito...

L'option chiens de traineaux c'est plus difficile, faut tuer des phoques pour nourrir les chiens, faut parler chien...

Moyen de locomotion assez efficace... mais assez dur au niveau dialogue!

Après 10 jours d'autonomie, faut lacher la pression!

Fred essaye d'avoir l'air plus cool que le mec dans le cadre derrière lui...

 

En général, quand on loue une 550 yamaha, on pense à vérifier que l'embrayage marche bien et que la poignée des gaz n'est pas bridée... Pas au Spitzberg! Là on check l'état de la chenille, on demande si le chauffage des poignées marche bien et si la remorque de deux mètres cinquante tient bien les 70 km/h sur vaguelettes gelées.
Conduire une moto neige est super simple, ce qui ne l'est pas c'est tout ce qui va avec. D'abord, on vous loue une belle carabine avec le plein de balles à la tête tronquée. Ca c'est pour tuer les ours, et on a le droit de tirer que si la bête est à moins de 15 mètres. Vu qu'un ours court à 60 km/h vous avez exactement (15 / 60 000 = un 4 000 ème d'heure) soit (60mn / 4000 = 0,015 mn) soit (0,015 x 60 = ) 0,9 seconde pour tirer. Autant dire que si vous ne sortez pas d'un commando d'élite de l'armée des meilleurs du monde...

Donc, en gros, on vous met un vrai calibre entre les pattes au cas où vous vous retrouviez entre les siennes...en fait c'est pour l'assurance et effectivement ça assure pour aller faire les courses en ville. Ensuite, vu qu'il est interdit de tirer à moins de 15 mètres, la panoplie cow-boy version polaire continue avec de gros pistolets et leur holster : là c'est plus facile, les bastos sont de grosses cartouches à double bang. Je m'explique : si l'ours vient vers vous (et qu'il est encore à plus de 15 mètres...) vous visez devant lui et vous tirez. A la détonation du pistolet, l'ours s'arrête mais n'a absolument pas peur, puisqu'il passe la majeure partie de son temps sur la banquise à chasser le phoque* et que la banquise ça bouge... et quand ça bouge, souvent ça craque et ça fait de grosses détonations sourdes... Donc notre beau tas de 700 kg de muscles aux dents et aux griffes acérées ne bouge plus et regarde ce qui se passe, et si rien n'inquiète son regard, il continue vers sa proie (vous en l'occurrence). C'est là que le double bang de la balle intervient, vu que vous maîtrisez parfaitement la courbe que va faire la cartouche une fois éjectée du canon et qu'elle s'est donc fichée entre les pattes de notre mammifère polaire, 5 secondes après la première détonation, la cartouche explose. Vous avez donc trois scénario possibles :


1- L'ours n'a pas bougé d'un poil et quand la cartouche explose devant lui là, il est scié! Il crève de peur et il s'en retourne à ses pénates en maudissant la technique des hommes et son ventre qui l'affame.
2- L'ours a fait deux pas et quand ça explose sous lui il est projeté en l'air et vous assistez à votre premier ours d'artifice tout en vous demandant si cotre coéquipier est bien en train de filmer là...
3- L'ours a fait quatre pas, la cartouche explose derrière lui, il a donc le feu aux fesses et se rue vers vous à 60 km/h soit 16,6 m/s et vous vous rendez bien compte qu'en fait, même 100 mètres, c'est pas beaucoup entre vous et un ours polaire. Vous vous demandez donc si vous avez intérêt à perdre ces dernières secondes à essayer de prendre la carabine solidement accrochée au porte bagage de la motoneige, à enlever vos gants pour pouvoir ensuite enlever le cran de sûreté, armer, viser et réussir à faire mouche au creux de l'épaule gauche de la bête en train de charger (à 60 km/h soit dit en passant) OU réciter un Ave Maria dans les règles, OU regarder une dernière fois le soleil de minuit OU déclamer :"Je meurs sans haine en moi pour les ours polaires" en espérant que votre coéquipier filme là...


Je vous fais grâce de toutes les possibilité où l'ours est blessé et donc devient enragé, s'il s'appelle René et que vous êtes un fan de Laguigui et de bien d'autres encore. DONC, une fois en possession de vos joujoux, on vous en loue d'autres, parce que à moins de faire des quarts, quand on dort, faut bien se protéger. Voyez donc le cas suivant : votre tente montée, chaudement (la première nuit) emmitouflé dans votre polaire dans votre doudoune dans votre duvet, la réserve de bouffe dûment enterrée à 1 mètre de fond à 150 mètres du campement dans un sac étanche, vous avez quand même gardé sur vous un grany miel-noisette-airelles sauvages au cas-où (les tempêtes de neige arrivent vite et peuvent durer longtemps au Spitzberg.
Subtilement réchauffé par la chaleur de votre corps, l'odeur de votre grany traverse votre tente et vient agacer l'ours passant par là (il peut y avoir des ours partout, on en a même trouvé au sommet de la plus haute montagne) qui rapplique bien évidement parce que bon, un grany miel-noisette-airelles sauvages, (surtout les airelles) par -50, pour un ours, forcément, ça agace.


C'est là que ces petites grenades de la taille d'une boîte de pellicule photo, que vous avez disposé aux deux extrémité du camp, et rattachées à un fil de fer par la goupille, de telle sorte que le moindre contact supérieur à celui d'un flocon de neige avec le dit fil provoque l'apocalypse, sont particulièrement indispensables.
Tout la subtilité de cette méthode de protection est qu'il faut :
-1 Ne pas avoir les mains qui tremblent (de froid, de peur...) sous peine de perdre et la grenade et la main en cas d'explosion involontaire durant l'installation. Un surhomme est le bien venu dans ce genre de trip...
-2 Avoir des skis ou des bâtons dont on ne sert pas pour y accrocher solidement les fils de fer...
-3 Savoir enfiler, les yeux bandés, un fil de pêche de 25/100 (environ 4kg) dans le chas d'une aiguille pour travaux minutieux en moins de 7 secondes (à cause du froid parce que après 7 secondes par -50, les mains commencent à trembler et se reporter au parafe 1...)
-4 Avoir un chalumeau portable pour pouvoir dérouler le fil de fer et réaliser l'installation ( le chalumeau peut aussi ingénieusement réchauffer les mains...)
-5 Bien mémoriser la hauteur du fil, ne jamais passer en urgence au dessus avec des bretelles de pantalon traînant derrière soi (le rouleau de PQ dans les mains, la pelle entre les dents) sous peine de prendre un coup de fusil par un de vos coéquipiers mal réveillé, ou mal luné en fin de trip...VOILA ce qu'à peu près vous eussiez eu besoin de faire pour vous protéger des ours spitzbergiens. Nous n'en vîmmes aucun, c'est pour cela que vous pouvez me lire.
Je remercie ma bonne étoile pendant que vous maudissez les ours...* Le phoque pèse environ 60 à 80 kg, fait entre 1m30 et 1m80, a beaucoup de sang et quand l'ours l'a mangé il ne reste plus qu'une carcasse où on voit bien les côtes; je suis sûr qu'un homme allongé dans son duvet ressemble beaucoup à un phoque, quant au goût...

jerome catz