Terre de feu ( Ushuaïa), septembre 1999

Photos : Florent Ducasse

Texte : Jérome Catz

Riders : Youbi et Jérome Catz

La terre de Feu n'est pas la fin du monde, elle en est le commencement.
Oscar Pablo Zanola

Youbi,

Jérome

et...

Les lions de mer du canal Beagle!

Détroit de Magellan,

La route se jette dans la mer...

Ushuaïa, on est au

niveau de la mer, et les montagnes se profillent au bout de la rue.

Youbi s'est tout de

suite fait plein d'amis fuégiens...

Sunset à Ushuaïa, face au canal Beagle.

Lever de lune, juste au dessus de la ville.

De la route qui même au télépherique qui surplonbe la ville.

Cerro Castor est LA station d'Ushuaïa, à 20 mn du centre...

Jérome

La neige y est bonne,

les pentes agréables à rider,

Youbi

les corniches agréables a sauter,

Jérome

et les barres rocheuses sympatiques...

Bref, une station de rêve!

Youbi devant "El train del fin del mundo". Qui servait à ammener le charbon

que les prisonniers produisaient en ville.

Youbi et El jump del fin del mundo à Cerro Castor.

Jérome au dessus d'Ushuaïa et du canal Beagle.

Youbi, idem.

Jérome

Cerro Castor : des rocher et de la neige...

Youbi c'est le roi de la motocyclette!

Youbi

et des jumps engagés...

Le vent sculpte des reliefs interessants non? Jérome en profite.

Youbi en entrée de pente, Cerro Castor.

Youbi, c'est le roi des atellage à 8 chiens!

Jérome

La tete dans le soleil, Cerro Castor.

Youbi sous le sommet de la station.

A Ushuaïa, l'horizon n'est pas d'aplomb!!! Jérome

Youbi

Youbi saute toujours les barres en fakie...

Youbi en bonne compagnie à Buenos Air, avant un des meilleurs restos qu'il n'ai jamais mangé.

 

Sud Americana


Le grillage qui protège le pare brise du bus tremble, tout le car vibre et sursaute constamment tellement la route, ou plutôt la piste, est mauvaise, mais le chauffeur roule quand même à bonne allure. Nous sommes sous un ciel de plomb, la tache d'aluminium qui indique l'emplacement du soleil éclaircit tout juste le contour des collines qui tombent dans le détroit de Magellan, faisant ainsi paraître l'eau encore plus sombre, vieil étain liquide, surface immobile, engourdie par le froid. Les quelques arbres rabougris, gros bonsaïs torturés par les éléments, cèdent peu à peu la place à une steppe aride, immense plaine semée de buttes et quadrillée par les clôtures de fil de fer barbelé qui filent à perte de vue, limites des estancias. Seuls leurs contenus les différencient, vaches et boeufs, chevaux, guanacos (petit lama local, proie favorite du puma), et des boules de laine sur pattes qui semblent bien être des moutons. Ce paysage étrange et monotone nous ramène, Youbi et moi, à une dizaine de jours en arrière, dans l'aéroport de Santiago où nous nous retrouvons tous les quatre, avec Phillipe Lalemant et Florent Ducasse, à la recherche de la neige en cette fin août. Nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs, on dirait que le petit monde du snowboard français s'est donné rendez-vous en Amérique du Sud cette année, et plus particulièrement à Vallee Nevado, LA station chilienne, à une heure de Santiago ainsi qu'à trois milles mètres d'altitude. Quand on connaît les personnages qui y tiennent l'école de ski, beaucoup de choses s'expliquent : Beb, Pierrot, François, Jean-Luc et le légendaire Jean-Phi (Garcia) forment une "french connection" à toute épreuve, munie d'une forte capacité d'organisation! En bref, nous arrivons quasi en même temps que : Régis et Varek (qui viennent filmer pour une prochaine vidéo) Guillaume Chastagnol, Fred Moras, jeune de Serre Che, Sly, Doriane Vidal, Seb Vassonney, Romain Retsin, Boulgy, Nico N'Guyen, Arnaud Guerin, Guillaume Lacruz, Damien Gagneux, Fred Serin, et bien d'autres, tout ça pour nous rendre compte que la neige n'est pas au rendez-vous !. Quatre jours de petits rides, heureusement entrecoupés de sessions billard, couchers de soleil, fléchettes, restaurants "gastronomiques", sont le temps nécessaire pour que la neige arrive et que Phil se blesse et se fasse rapatrier (no worry, il était totalement guéri un mois après!). Un peu de poudre et de soleil vous réconcilie rapidement avec le sort et l'appel du Sud se fait déjà sentir. Le Sud, ici, il prend une dimension toute autre qu'en Europe, il est synonyme de froid, de conditions climatiques extrêmes et de fin du monde. Au moins trois bonnes raisons d'aller y faire un tour non?
Fin del mundo, juste de l'autre côté de ce fameux détroit de Magellan dans lequel la route vient mourir. Youbi et moi attendons le ferry qui transportera notre bus de l'autre côté, et nous en profitons pour saluer le capitaine de cet étrange port, seul passage routier entre le continent et la Terre de Feu. C'est Magellan qui, en découvrant le "Detroit de tous les Saints", (en 1620, et qui porte son nom maintenant), a donné ce nom à cette terre où brûlaient de nombreux feux, signaux entre les indiens Yaghans, Alakufes, Haush et Selk'nan pour s'avertir de l'intrus, "rocher flottant habité de cormorans du grand large" comme expliquaient la chose les anciens, début de tous leurs maux. Les multiples essais d'évangélisation, les missions scientifiques, les chercheurs d'or et les éleveurs qui se sont succédés au cours de deux siècles ont eu raison de ces ethnies et les derniers descendants de cette culture sont deux vieilles femmes qui vivent sur l'île Navarino, en face de la baie d'Ushuaia.
Autant dire que cette culture a disparu. Le ferry nous débarque frigorifiés sur l'autre rive car nous avons fait la demi-heure de traversée sur le pont du bateau, histoire de vérifier si les fameuses conditions climatiques de la région la plus australe du monde sont bien fondées : elles le sont! Nous venons de traverser l'endroit ou les deux océans, Atlantique et Pacifique, se rencontrent. Il y a quelques remous! La piste reprend aussitôt jusqu'à Rio Grande, seulement interrompue par les deux postes frontières Chili - Argentine. Ces rapides coups de tampon symboliques ne changent rien au désert blanc que nous traversons maintenant. Après la deuxième ville fuegienne, les arbres recommencent à faire leurs apparitions, pâles squelettes tout habillés de lichens vert d'eau, presque translucides, qui s'accordent bien avec le lever de lune (elle est pleine) pour donner à cette région du monde le côté étrange et mystique qui a toujours attiré les hommes. Car qui, sinon, voudrait vivre dans cette contrée où le climat du cap Horn est transféré sur ces montagnes, pas très hautes (1500 mètres) mais acérées, ne laissant que quelques bandes de terre susceptibles d'être habitées. Les fuégiens sont quand mÍme 45000 à Ushuaia, la ville du bout du monde, et croient en cette région qui vit principalement du tourisme et de ses fonctions administratives. Suffisamment pour que certains, avec l'aide de l'Etat, développent la station de ski de Cerro Castor, à 30 kilomètres de la ville. 800 mètres de dénivelé desservis par trois télésièges Poma tout neufs et une infrastructure complète (location, shop, restaurant d'altitude etc.) donnent à tout le monde la possibilité de venir glisser au bout du monde!
Florent nous attend au terminal du bus (il a volé de Santiago à Ushuaia via Buenos Aires. On ne peut rien contre les désirs sentimentaux d'un vieil homme!), et nous arrivons chez Violetta, auberge au dessus du canal Beagles. Les chiens aboient toute la nuit, juste à côté de la maison, pas moyen de fermer l'oeil, nuit pourrie! Mais il fait beau le lendemain, et ici, les journées de ciel bleu se comptent sur les doigts de la main. Gaston nous attend devant son magasin, c'est lui le boss de la station, grosse entreprise familiale, qui nous emmène ce matin visiter son domaine. Nous sommes plus que surpris, le plus long télésiège nous laisse au sommet de la station avec un grand choix d'itinéraires et de lignes freeride, c'est clair qu'il faut marcher un peu, mais on a l'habitude! Le panorama est à la hauteur de l'endroit : sommets magnifiques, glacier, forêts de bouleaux dans la vallée et sur les premières pentes, la mer au loin (très loin) et un bout de lac. Première journée de ride donc, avec 20 cm de poudre dans les combes à l'abri du vent (qui ne doit pas s'arrêter souvent de souffler par ici) et une neige froide et compacte sur les pistes : le pied (voir photos.).
La Parilla est une spécialité argentine, et plus précisément, un assortiment des meilleurs morceaux de viande délicieusement préparés au barbecue. Tout à fait le genre de nourriture régénératrice qu'il nous fallait après une telle journée de ride, spécialement accompagnée de ces fameux vins argentins ou chiliens, qui donnent des forces pour les excursions en mer. Nous nous retrouvons donc le lendemain sur un voilier de 12 mètres, le temps nuageux nous donne de ces flocons ronds de polystyrène qui fondent difficilement au contact de l'eau, heureusement seulement pendant 10 minutes, et le vent, l'occasion de vérifier si nous avons le pied marin et l'estomac bien accroché! Il faut une heure et demi par bonne brise pour atteindre le Phare des éclaireurs et pouvoir discuter un peu avec les cormorans et les lions de mer. Ce sont de grosses otaries qui se prélassent sur leur bout de rocher au milieu du canal Beagles avant de piquer une tête dans l'eau à 2 degrés, un peu comme les marins des 153 navires qui ont coulé dans les parages entre 1643 et 1930. Sur le chemin du retour, le capitaine nous montre ses photos et nous découvrons avec stupéfaction que nous sommes sur les traces du team Nidecker avec 5 ou 6 ans de retard. Gloire à nos illustres prédécesseurs! Les jours qui suivent nous verront faire du chien de traîneaux avec Tony O'Canto, fanatique de ce mode de déplacement originel avec ses attelages de 6 à 12 chiens, et ses étapes de 30 à 70 kilomètres par jour. Le musée d'Ushuaia et son Oscar de directeur peuvent beaucoup contre le mauvais temps, et une petite ascension d'un pan du glacier Martial (qui surplombe la ville et permet de rider au dessus du canal Beagles) sont autant d'activités qui donnent une bonne vision d'ensemble de cette partie du monde où le temps change 5 fois radicalement dans la même journée! D'après Oscar, la Terre de Feu n'est pas la fin du monde, elle en est son commencement!
Et soudain, chose incroyable entre les choses les plus incroyables des choses incroyables : nous avons eu une nouvelle journée de beau temps, sans vent, il avait bien évidemment neigé les jours précédents, nous connaissions les lignes.
Tout peut arriver en Terre de Feu, même avoir beaucoup de chance!

 


ENCADRE à traduire malheureusement mais à garder intact pour que Florent puisse l'envoyer tel que en Espagne.
"Esta parte del mundo me parecio tan buena que me estableci, seg²n creo, para siempre, ya que cada dia me gusta mas. Tengo 300 cabezas de vacunos, 1500 ovinos, 28 caballos de silla, dos peones que trabajan para mi, una buena casa de cuatro habitaciones, galpones, establo, gallinero y algunas gallinas. Lo unico que me falta es una cocinera, ya que todavia sigo en estado de amarga solteria y a veces me siento muy solo."
Butch CASSIDY 1904 avant de repartir en "tournée", pendant ses deux années de repos à Cholila en Patagonie à 1600 miles au sud de Buenos Aires.


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